Notre Dame de Paris: Histoire et Restauration
22/04/2021

Notre Dame

Le dramatique incendie de Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019 a laissé tout le monde sous le choc et dans l’incrédulité. Cette cathédrale est un véritable symbole de la culture et de l’histoire française. Son impressionnante composition architecturale s’offrait chaque année à plus de 14 millions de visiteurs en admiration, avec sa façade unique et les abondantes sculptures décoratives qui ornent l’extérieur de l’édifice. L’intérieur est tout aussi impressionnant et emblématique, avec ses immenses espaces et son art majestueux. Il n’est donc pas surprenant de savoir que c’est le monument le plus visité d’Europe !

 

WhatsApp Image 2021-04-22 at 09.56.06 (3) Histoire de la cathédrale :

Notre Dame est l’une des plus anciennes cathédrales gothiques de France. Sa construction, une initiative de l’évêque Maurice de Sully, s’est déroulée sur près de deux siècles, de 1163 jusqu’au milieu du XIVe siècle. Bien qu’elle ne soit pas le premier exemple d’architecture gothique en France, un titre qui revient à la Cathédrale de Saint-Denis, la construction de Notre-Dame a poussé encore plus loin tous les superlatifs en termes de sophistication, innovation et expression artistique. En effet, les architectes à l’origine de ce chef-d’œuvre n’avaient pas pour seul objectif de construire une église. Ils voulaient créer le plus haut monument religieux qui n’ait jamais existé, avec une nef centrale de 35 mètres de haut, et deux tours de 60 mètres. La cathédrale est là pour veiller sur toute la ville, et dans toute sa magnificence.

La Révolution française de 1789 est une période difficile pour Notre Dame. Considérée comme un symbole du pouvoir, elle a été largement malmenée : ses trésors ont été pillés, certaines statues ont été détruites ou décapitées et la flèche a été démantelée. À un moment donné, elle a même été utilisée comme entrepôt de vin et certains ont même proposé de la démonter et de vendre ses pierres. En 1793, le philosophe Claude-Henri de Saint-Simon, fondateur du mouvement politique et religieux connu sous son propre nom, était en fait sur le point d’acheter la cathédrale dans le but de la détruire.

Heureusement, Notre-Dame a survécu à cette période trouble et a été rendue à l’Église Catholique en 1801 grâce au célèbre concordat signé entre Napoléon Bonaparte et le Pape Pie VII. C’est ainsi que, deux ans plus tard, en 1804, sont célébrés religieusement à Notre Dame par le Pape Pie VII le sacre de l’Empereur Napoléon et le Couronnement de l’Impératrice Joséphine. La cérémonie de cinq heures est représentée dans Le Sacre de Napoléon par Jacques-Louis David, son peintre officiel, qui est aujourd’hui l’une des œuvres d’art les plus célèbres du Louvre.

Néanmoins, entre les dégâts causés par la Révolution, le temps qui passe et le désintérêt des Parisiens pour le monument, son état commence à se dégrader. C’est grâce à Victor Hugo qui l’honore dans son chef-d’œuvre « Notre Dame de Paris » en 1831, que l’intérêt du public pour la cathédrale est relancé.

Le projet de restauration est approuvé en 1842, après une pétition faite par Victor Hugo, Alfred de Vigny et Jean-Auguste-Dominique Ingres, et deux architectes célèbres sont choisis pour diriger les travaux, Jean-Baptiste-Antoine Lassus et Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, qui avaient déjà fait un travail impressionnant sur la Sainte Chapelle. A partir de 1844, les grands travaux de restauration commencent, dont la plupart se déroulent sous la seule direction de Viollet-le-Duc, après le décès de Lassus. Bien que ceux-ci se terminent officiellement en 1865, l’entretien de la cathédrale ne s’est jamais vraiment arrêté et s’est poursuivi au fil des années jusqu’au désastreux incendie. C’est pendant les travaux de Viollet-le-Duc, en 1860, que l’emblématique flèche de 45 mètres de haut a été érigé et que les célèbres gargouilles ont été mises en place pour favoriser la circulation de l’eau de pluie.

WhatsApp Image 2021-04-22 at 09.56.06 (4)Pendant la Commune de Paris de 1871, seulement quelques chaises et bancs ont été incendiés, sans autres grands dégâts, puis Notre-Dame a été heureusement épargnée lors les deux grandes guerres mondiales. Certains changements ont été apportés au cours du XXe siècle ; par exemple, en 1935, le cardinal Jean Verdier a demandé à douze artistes contemporains de concevoir vingt-quatre vitraux, qui ont ensuite été installés en 1938. Cependant, en raison de nombreuses plaintes et critiques concernant l’incohérence entre les styles artistiques des douze artistes, Jacques Le Chevallier est chargé en 1952 de créer un nouveau design pour les vitraux, en se basant sur le projet initial des années 1930. Ces chefs-d’œuvre sont ensuite inaugurés en 1966.

À la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, de nombreux petits chantiers de restaurations ont été effectués à Notre-Dame, notamment un nouveau système d’éclairage interne et de nouvelles cloches.

En 1991, le site « Paris, rives de la Seine », incluant Notre Dame a été classé patrimoine mondial de l’UNESCO.

Certains des personnages les plus éminents de l’histoire ont franchi les portes de ce superbe édifice. On y a célébré des mariages royaux, comme celui de Marie, reine d’Écosse, et François II de Valois en 1558, ainsi que des baptêmes de rois et de princes, et des funérailles nationales, comme celle de Charles de Gaulle en 1970.

Cette cathédrale mythique a également inspiré plusieurs films et leur a servi de décor. Par exemple, de nombreuses adaptations du roman de Victor Hugo « Notre Dame de Paris » ont été tournées et se sont déroulées dans ce monument, notamment « Le Bossu de Notre Dame » de Wallace Worsley en 1923. Ce film a ensuite été réadapté à plusieurs reprises, dont en 1996 dans le célèbre dessin animé de Walt Disney Pictures. L’une de ses scènes les plus mémorables montre Quasimodo, le bossu, se signant en s’accrochant à la flèche symbolique de Notre-Dame, victime de l’incendie de 2019 comme évoqué plus haut. La cathédrale apparaît également dans le film « Amélie » de Jean-Pierre Jeunet en 2001, puis dans le film « Avant la nuit tout est possible » de Richard Linklater, produit par Warner Bros. Pictures en 2004. Dans ce dernier, l’actrice Julie Delpy prononce la bien terrible réplique, partiellement prémonitoire ?, « Notre Dame disparaîtra un jour ».

 

L’incendie :

L’incendie du 15 avril 2019 a entraîné l’effondrement de la flèche et de la toiture. Heureusement, le travail acharné des pompiers a permis de sauver la structure principale de Notre-Dame et la majorité des œuvres d’art, notamment celles qui étaient conservées dans le trésor de la cathédrale. Le choc extrême de cet événement a laissé le monde incrédule, mais, très rapidement, en un peu moins d’une semaine, les dons exceptionnels venant du monde entier pour aider à sa reconstruction ont atteint près d’un milliard d’euros.

Le funeste incendie semble avoir pris naissance sur un échafaudage situé entre la voûte et le toit, où des travaux étaient en cours pour renforcer la toiture de la cathédrale. Les flammes se sont rapidement propagées aux poutres en bois vieilles de 850 ans et, une heure plus tard, la magnifique flèche s’est effondrée, suivie par environ les deux tiers du toit. L’enquête officielle, toujours en cours aujourd’hui, est lancée aussitôt, afin de découvrir la cause de cet incendie, n’excluant aucune hypothèse. En l’état actuel de l’investigation, bien que les détails exacts de ce qui s’est passé ne soient pas encore complètement clairs, rien ne semble désormais accréditer la piste criminelle, l’incendie aurait donc été causé de façon accidentelle, par une cigarette ou unWhatsApp Image 2021-04-22 at 09.56.06 (4)8 court-circuit électrique, aucune de ces deux pistes ne pouvant être encore aujourd’hui privilégiée.

La poussière et les suies créées par l’incendie ont rendu inutilisable le célèbre orgue de Cavaillé-Coll, mais, épargné par d’autres dommages il sera entièrement démonté et restauré. La statue de la Vierge Marie avec l’enfant, datant du XIVe siècle, célèbre aussi pour être la statue avec laquelle Paul Claudel s’est converti au catholicisme, n’a été affectée que par l’eau utilisée pour éteindre les flammes. L’autel de Paul VI a été écrasé par des pierres et des poutres tombées du toit, mais l’ancien autel traditionnel a en revanche été épargné par les dégâts, tout comme la croix en bois dorée. En outre, bien que certains vitraux aient été légèrement endommagés, l’emblématique Rose du Midi, qui date de 1260 et constitue l’un des chefs-d’œuvre les plus précieux de Notre-Dame, est restée miraculeusement intacte.

 

Les travaux de restauration :

Dès que l’incendie a été éteint, la première priorité a été de mettre en œuvre des mesures d’urgence pour éviter tout risque que d’autres parties de la cathédrale soient encore plus endommagées ou s’écroulent. Deux ans plus tard, ce fastidieux projet de sécurisation est maintenant presque terminé, la reconstruction va pouvoir enfin commencer. Des études approfondies d’experts ont été menées afin d’établir un plan conforme aux directives européennes spécifiques relatives à la conservation du patrimoine culturel matériel, ainsi que les recommandations internationales et enfin l’avis de la Commission Nationale du Patrimoine et de l’Architecture.

Cette mission n’a pas été facile et les nombreux professionnels qui travaillent sur le site doivent suivre des protocoles stricts chaque fois qu’ils entrent dans le bâtiment afin de se protéger des trois nombreux problèmes auxquels ils sont exposés. D’une part, la menace d’effondrement de certaines parties de la cathédrale étant toujours d’actualité, ils ont l’obligation de porter un casque et des chaussures spécifiques. En outre, la fonte du toit a provoqué une pollution au plomb, de sorte qu’une combinaison complète de protection doit également être portée et une douche est obligatoire lors des déplacements entre le chantier et les bureaux. Enfin, en raison de la pandémie de Covid-19, tout le monde doit également porter des masques en permanence sur le chantier et aux alentours.

Une grande controverse entre experts est née de plusieurs débats sur la question de savoir si la toiture médiévale et la flèche datant de Viollet-le-Duc devaient être reconstruites à l’identique, utilisant ainsi une gigantesque quantité de chêne, ou si elle devait être repensée, en utilisant des technologies et des matériaux innovants, qui pourraient être plus sûrs et plus protecteurs en cas de nouvel incendie.

La restauration à l’identique en bois de chêne ayant été finalement décidée, une première campagne d’abattage d’un millier de chênes a démarré en ce début d’année 2021 en vue de reconstruire la partie récente, réalisée au 19ème siècle par Viollet-le-Duc, à savoir: la flèche, son socle et la charpente du transept. Pour ce faire, les chênes sélectionnés doivent avoir entre 150 et 200 ans et, après leur abattage, ils devront être laissés au séchage pendant 12 à 18 mois, afin d’atteindre un niveau d’humidité inférieur à 30%.

Une seconde campagne de coupe sera ensuite lancée afin de fournir les arbres nécessaires à la reconstruction de la charpente médiévale, lesquels seront d’une dimension inférieure.

WhatsApp Image 2021-04-22 at 09.58.47Les débats sont loin d’être terminés, car au-delà du sujet de la flèche, une autre question est également de décider si les vitraux détruits par l’incendie doivent être refaits à l’identique ou s’ils doivent être remplacés par des vitraux plus contemporains, comme l’a suggéré Michel Aupetit, archevêque de Paris.

Grâce au nombre impressionnant de dons, l’objectif du Président Macron de voir Notre-Dame se rouvrir au culte et au public en avril 2024, soit cinq ans seulement après l’incendie et juste à temps pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024, semble réaliste. Certes, les travaux de restauration ne seront pas complètement terminés d’ici là et se poursuivront encore longtemps après, mais ce sera un véritable soulagement de voir les portes de Notre-Dame s’ouvrir à nouveau. Les meilleurs techniciens, ouvriers du bâtiment, artisans, sculpteurs, restaurateurs de vitraux, architectes et bien d’autres experts travaillent chaque jour pour atteindre cet objectif et nous pourrons bientôt revoir Notre-Dame dans toute sa splendeur.